Fermeture du collège Rabelais en 2028 : le Conseil Départemental enterre la mixité sociale

Le conseil départemental s’est réuni en commission plénière ce jeudi 21 mars.

Au cours de cette réunion, la question du collège Rabelais a été abordée et deux articles ont été publiés sur le site de la Nouvelle République ce jeudi en fin de journée. Le Conseil Départemental souhaite fermer le collège Rabelais à l’horizon 2028 en organisant la fermeture progressive : pas d’accueil des 6ème en 2026 et pas d’accueil de 5ème en 2027.

La FSU s’oppose fermement à cette fermeture sèche qui va dégrader les conditions d’apprentissages des élèves et nuire à la mixité sociale, objectif pourtant affiché par le Conseil départemental.

Coté Éducation Nationale, un CSA-SD avait lieu ce matin (22/03). L’ordre du jour portait sur les ouvertures et les fermetures de postes dans les collèges.

Dans sa déclaration liminaire, la FSU est bien évidemment revenue sur les propos retranscrits dans les articles publiés par la Nouvelle République.

Les représentants du personnel de la FSU sont également intervenus en début d’instance sur les points suivants : 

Mixité sociale :

Le Président du Conseil Départemental (CD) dit chercher à « favoriser la mixité sociale ». Pourtant, contrairement à ce que le Département a toujours dit, ce sont 58 élèves de Rabelais que le CD envisage de scolariser à Bégon. Pour cela, il prévoit d’ajouter deux classes à l’établissement.

La FSU dénonce ce projet qui aura pour conséquence de détériorer la mixité sociale du collège Bégon.

Renforcement de l’enseignement privé :

Déplacer des élèves du collège Rabelais vers celui de Bégon serait la pire des solutions. Augmenter le nombre d’élèves issus de familles défavorisées sur le collège Bégon risque d’inquiéter des familles moins défavorisées qui peuvent, à terme, faire le choix de scolariser leurs enfants en établissement privé.

Coût de la reconstruction :

Le Président du Conseil Départemental rappelle qu’il est « détenteur des deniers publics et de leur bonne utilisation ». C’est bien pour cela que la FSU et la FCPE ont rappelé en CDEN, mardi 12 mars, l’importance d’utiliser les finances publiques pour l’école publique.

La FSU dénonce la très forte participation financière que le département apporte à l’enseignement privé en Loir-et-Cher. Dans l’académie Orléans-Tours, notre département est celui qui finance le plus l’enseignement privé (443 627€ au titre de la loi Falloux en 2023 pour 2595 élèves, financement non obligatoire de l’enseignement privé).

Le président du Conseil Départemental explique que le coût d’une nouvelle construction s’élèverait à 22 ou 23 millions d’euros et qu’il y aurait peu d’incidence sur l’Indice de Positionnement Social.

Lors du CSA-SD, la FSU a demandé quels documents le Conseil départemental avait présenté en COPIL (Comité de Pilotage) pour étayer son argumentation. Réponse de l’Inspectrice d’Académie : aucun !

La FSU continue de maintenir qu’une nouvelle construction, avec une réelle volonté de resectorisation, est la meilleure des solutions pour obtenir plus de mixité sociale. De l’argent, il y en a. Il s’agit maintenant d’avoir une réelle volonté politique de mixité sociale.

Resectoratisation :

Le Conseil Départemental a renoncé à travailler la carte scolaire sur l’ensemble du département et limite donc la réflexion sur la resectorisation à la commune de Blois.

Le conseil départemental travaille sur les données de l’observatoire de l’économie et des territoires qui annonce une baisse d’effectifs à l’horizon 2031 à hauteur de 389 élèves, soit un effectif proche de celui des élèves scolarisés à Rabelais. En limitant son raisonnement à ces chiffres, le conseil départemental renonce publiquement à réduire le taux de fuite vers le privé (58%) que subit actuellement le collège Rabelais. Là encore, rien n’est fait pour inciter les familles les moins défavorisées à revenir vers l’enseignement public.

Pour la FSU, seule la construction d’un nouvel établissement peut permettre d’endiguer le taux de fuite actuel. Il s’agit d’une volonté politique qui n’est visiblement pas partagée.

Bâtiments scolaires et effectifs des collèges :

Le conseil départemental maintient que « aucun collège à Blois ne dépasse sa capacité d’accueil », et d’ajouter « qu’il n’y a pas de bâtiments provisoires aux Provinces. »

Visiblement le conseil départemental n’a pas lu le rapport de visite du CHSCT dans lequel il était dit que la capacité d’accueil des Provinces était dépassée. Même si depuis les effectifs ont légèrement diminué, la sur-population aux Provinces est une réalité.

Quant à dire qu’il n’y a pas de bâtiments provisoires dans ce collège c’est oublier les conditions de travail de certaines classes de SEGPA. Pour preuve, Stéphane Baudu, élu au CD, parle du « remplacement des préfabriqués aux Provinces ».

Les décisionnaires :

Le Président du conseil départemental rappelle que « la décision ne revient pas aux enseignants mais au conseil départemental et au recteur ». Notre académie n’ayant plus de recteur, celui-ci ayant préféré soigner sa carrière en devenant conseiller auprès de Matignon, la FSU a demandé à l’Inspectrice d’Académie de prendre ses responsabilités en rappelant officiellement auprès de l’opinion publique, que l’Education Nationale s’oppose fermement à toute scolarisation des élèves de Rabelais sur Bégon.

Il est temps que nos responsables politiques EN prennent conscience que le conseil départemental travaille sans tenir compte de leur avis et qu’ils fassent entendre leur voix sur Rabelais.

Pour la FSU, la mixité sociale n’est pas un vain mot. Les valeurs d’égalité et de fraternité sont régulièrement mises à mal dans notre pays, y compris par des décisions politiques relevant de l’éducation. La FSU se battra jusqu’au bout pour les faire vivre !