Dès novembre dernier, la FSU appelait à faire du 17 janvier une journée de mobilisation dans l’éducation Nationale. Moyens d’enseignement, conditions de travail, salaires, injonctions ministérielles… Bien des sujets méritaient d’être mis en avant dans nos professions.
Si les annonces sur le projet de réforme des retraites ont précipité l’organisation d’une journée de grève interprofessionnelle, il n’en demeure pas moins que les questions métiers doivent être portées et défendues afin de faire entendre la voix des personnels.
– une profession épuisée :
La FSU41 a insisté sur l’état de grande fatigue qui s’installe de manière durable chez les enseignants.
Les années COVID ont laissé des traces indélébiles (isolement, charge de travail et charge mentale alourdies…) mais l’épuisement guettait depuis plusieurs années déjà.
La gestion de l’hétérogénéité est grandissante, les collègues atteignent les limites de ce qu’il est possible de faire en terme d’inclusion et œuvrent comme ils peuvent pour conserver la notion de « collectif » qui doit être primordial dans une classe pour apprendre à vivre ensemble.
Les conditions de travail ne cessent de se dégrader et l’épuisement est réel.
Les évaluations d’écoles et d’établissements sont une charge de travail supplémentaire extrêmement chronophage dont l’objectif final est peu motivant.
– les enseignants méprisés dans leur professionnalité : stop au pilotage par les évaluations !
Dans le premier degré, les injonctions ministérielles pleuvent depuis 2017 : petit guide orange sur la lecture en CP, vocabulaire en maternelle, attaques des programmes de 2015 et 2016 qui avaient pourtant emportés l’adhésion du Conseil Supérieur de l’Éducation.
Les enseignants veulent être reconnus comme de véritables professionnels, concepteurs de leurs pratiques, et non pas être considérés comme de simples exécutants.
La généralisation des évaluations nationales CP/CE1/6ème/2nde…entraîne un pilotage des écoles et des établissements par les résultats.
En maternelle la FSU mettait en garde contre une primarisation qui se confirme par les annonces du MEN avec un resserrement sur deux domaines d’activité dans un programme qui en contient cinq.
Bien que l’Inspectrice d’Académie essaie de lutter contre, des consignes de « bachotage » existent pour obtenir de meilleurs résultats aux évaluations CP, et aux évaluations en général.
Au cours de l’audience, nous avons mis en avant que les collègues n’ont d’autres choix que d’aménager les modalités de passation s’ils ne veulent pas mettre sous pression leurs élèves dès les premières semaines de rentrée.
En 6ème, la primarisation se confirme également. Après avoir fusionné les heures de SVT, de Sciences Physiques et de Technologie, le MEN annonce purement et simplement la disparition de l’enseignement de techno en 6ème, dès la rentrée 2023, pour permettre aux PE d’intervenir en collège afin de renforcer les fondamentaux.
Interrogée sur l’organisation de la prochaine rentrée en collège, l’Inspectrice d’Académie explique attendre les consignes du rectorat. Pour autant, des pistes sont à l’étude : échanges de services entre professeurs de collèges et Professeurs des écoles (qui ne seraient donc pas payés en heures supplémentaires), création de postes spécifiques, complément de service…
L’IA précise qu’aucun poste d’enseignant de technologie ne devrait être impacté dans la mesure où les heures de 6ème seront reportées sur le cycle 4, sans pour autant allonger le volume horaire des élèves. Se pose donc la question de savoir quels autres enseignements seront supprimés. A cela, l’IA n’a pas de réponse et compte sur les heures de « découverte des métiers » en classe de 5ème pour faire la jonction.
La FSU a dénoncé le manque de considération vis à vis du travail des collègues de technologie, ainsi que le manque de cohérence dans une société où la transition énergétique est au cœur des débats de société.
Toujours dans le second degré, la réforme de la voie professionnelle pourrait bien sonner la fin des lycées professionnels et pousser vers la sortie un grand nombre d’enseignants notamment les collègues d’enseignement professionnel.
– Sur la question salariale, le mépris est là-aussi total :
La revalorisation promise par le candidat Macron (10% pour tous les enseignants, sans contrepartie, dès janvier 2023) n’est pas là. Mais qui pourrait s’en étonner quand on connaît les orientations politiques de nos gouvernements ?
Pour la FSU, revaloriser une profession, c’est la rémunérer plus, pour un travail qu’elle réalise déjà.
Or, le Ministre propose un pacte aux enseignants : travailler plus pour gagner des miettes.
Il ne manquerait plus qu’on nous propose de conduire des bus ! Ah, pardon c’est déjà fait !
Prime REP+ : opposée à l’attribution d’une part variable qui met en concurrence les personnels, la FSU a demandé à ce que cette dernière soit attribuée de manière égale à l’ensemble des personnels travaillant en REP+. Un groupe de travail académique sera réuni sur cette question.
AESH : nos collègues AESH vont pouvoir bénéficier de la prime REP+. Le Rectorat l’annonce effective sur la paye de janvier.
Personnels indispensables dans les écoles dont les conditions de travail se dégradent, les collègues AESH souffrent également d’un manque de considération. La FSU a demandé une rencontre avec l’IEN ASH, le coordonnateur du dispositif ainsi que Monsieur le Secrétaire Général pour aborder les questions d’affectations, de temps de travail, de relations avec les collègues et la hiérarchie…
– crise du recrutement/ démissions/rupture conventionnelle:
La détérioration des conditions de travail, l’absence de reconnaissance, la faible rémunération…tous les ingrédients sont réunis pour ne pas donner envie de pousser la porte d’entrée de l’EN si ce n’est pour en sortir.
En période de mobilisations contre le projet de réforme des retraites, la FSU continuera de porter, en parallèle, les questions qui sont au cœur de nos métiers.